Écrit par Ed Miller.
Vous avez joué pendant quatre heures à une partie de Hold’em No-limit à 1 €/2 € et vous avez perdu 300 €. Avez-vous mal joué ou est-ce juste un bad run – un suite de coups malchanceux ? Il n’est pas toujours évident de faire la part des choses. Puisqu’il est indispensable d’apprendre de ses erreurs, il faut savoir analyser chaque main perdante et distinguer ce qui relève d’un mauvais choix et de la malchance. Le savoir vous aidera à prendre du recul. C’est important pour votre santé mentale comme pour votre niveau de jeu. Voici donc 6 raisons de connaître un bad run.
#1 Vos adversaires touchent leurs mains. C’est la raison la plus évidente et certainement la plus marquante. Vous vous engagez au turn avec un brelan max contre un brelan inférieur, et votre adversaire touche à la rivière son seul out qui lui donne un carré. Sacrée douche froide !
#2 Vous touchez peu ou pas de mains pendant un long moment. « On ne m’a pas distribué une seule paire en quatre heures de jeu ! » Traverser un désert de cartes, cela arrive et se passe de commentaire. Inutile de s’étendre sur ce point.
#3 Vos adversaires ont « la main » sur vous. Cette raison peut se révéler assez subtile et particulièrement frustrante. Elle est différente de la première. Il ne s’agit pas du cas de figure où vous engagez votre argent à bon escient mais où de mauvaises cartes tombent. Il s’agit plutôt d’un timing malheureux : vos adversaires semblent toucher de bonnes mains chaque fois que vous bougez.
Dans une partie qui n’est pas hyper agressive, vous relancez trois fois la grosse blinde préflop, et chaque fois, quelqu’un surrelance. Ce sont les trois seules surrelances de la dernière heure ? Si oui, vous êtes juste tombé trois fois de suite contre des paires fortes. C’est un bad run.
D’autres exemples. Vous relancez préflop avec K-J et deux joueurs suivent. Le flop s’ouvre sur 10-7-5. Les calleurs checkent, vous misez et un joueur suit. Un 7 tombe au turn et votre adversaire effectue une forte mise. Bad run. Vous relancez préflop six fois en une heure et demie et vous ratez le flop à chaque fois. Il y a systématiquement un adversaire pour suivre ou relancer votre continuation-bet. C’est très frustrant, et c’est encore un bad run. Vous relancez préflop avec Q-Q et le joueur de grosse blinde suit. Sur un flop J-9-3, votre adversaire checke, vous misez et il suit. Un As tombe au turn. Il checke, vous misez encore et il riposte par un check-raise. Bad run.
Ces exemples illustrent une forme de bad run particulièrement usante pour les nerfs. N’avoir rien à jouer est déjà difficile mais investir de l’argent dans des coups qui tournent toujours mal est pire encore.
De plus, ces mains vont rarement à l’abattage. Elles se terminent quand vous décidez de vous coucher après la mise d’un adversaire. Elles n’en sont que plus frustrantes. Vous allez finir par entendre cette petite voix de l’intérieur : « Peut-être que je me laisse tyranniser ? » Ne vous inquiétez pas, vos adversaires n’ont pas décidé de conspirer contre vous. Personne ne vous tyrannise, vous subissez juste un bad run.
#4 Les mauvaises rencontres. Vous avez un tirage couleur à pique hauteur Dame. L’As de pique tombe à la rivière. Vous faites tapis et votre adversaire paie avec deux cartes à pique dont le Roi. Vous ne pouvez rien y faire. C’est un phénomène semblable au précédent sauf qu’au lieu d’être obligé de vous coucher après la relance de votre adversaire, vous avez une main assez forte pour faire tapis. Il peut suffire d’une seule mauvaise rencontre pour ruiner une session. Souvent, c’est juste un bad run.
#5 Vos adversaires ne touchent rien face à vos monstres. Vous avez touché trois brelans et deux couleurs et à chaque fois que vous avez misé au flop, tout le monde s’est couché. C’est frustrant et cela peut vous pousser à interroger votre jeu. Vous risquez alors de finir par vous demander si vous ne devriez pas sous-jouer vos mains fortes pour être sûr d’en tirer un petit quelque chose. En No-limit, sous-jouer a parfois du sens, mais votre décision doit se fonder sur la texture du flop et les tendances de vos adversaires – pas sur le fait que vous vivez un bad run.
#6 Vous êtes coincé à une mauvaise table ou à une mauvaise place. Être coincé à une mauvaise place concerne surtout les tournois, puisqu’on vous y attribue une table et une place que vous n’avez pas choisies. Cependant une situation similaire peut se présenter aussi en cash game. Votre gain horaire moyen (positif, car vous êtes un joueur gagnant) calculé sur une année peut subir des fluctuations à l’échelle d’une session. Ainsi, toutes les parties à 2 €-5 € ne se valent pas. Vous vous assiérez parfois juste à gauche d’un joueur ivre dilapidant 5 000 €. De quoi espérer tirer votre moyenne vers le haut.
Mais, d’autres fois, vous vous trouverez à une table avec à votre gauche des touristes munis de tapis de 200 €. Votre moyenne horaire chutera sans doute alors. Il est nécessaire de faire l’effort de trouver les meilleures parties et les meilleures places. Si vous n’en trouvez pas, changez de poker room si vous le pouvez. Être contraint de participer à des parties peu rentables s’apparente à un bad run.